Les douleurs chroniques soignées grâce à la couleur

« Les souris du laboratoire de Scott Delp, contrairement à leurs homologues humains, peuvent avoir moins mal grâce au rayonnement d’une lumière jaune. »

Selon l’inserm, les douleurs chroniques concerneraient 15 à 25% de la population. Actuellement, plusieurs techniques existent pour mesurer la douleur. Elles peuvent varier selon les patients. La plus répandue est celle qui consiste à la mesurer sur une échelle de 1 à 10. Pour les enfants, des dessins peuvent être utilisés.

Une équipe de chercheurs en biotechnologie à l’Université Stanford ont réussi à modifier des souris génétiquement, et notamment leur sensibilité à la douleur qui peut être contrôlée via l’utilisation d’une source de lumière colorée sur leurs pattes. Les scientifiques espèrent utiliser cette avancé scientifique afin de développer un traitement à base de couleur lumière pour les personnes atteintes de douleurs chroniques.


« C’est une toute nouvelle approche pour étudier un énorme problème de santé publique » a déclaré le professeur Scott Delph. Il ajoute : « C’est un tout nouvel outil qui est maintenant disponible pour les neuroscientifiques partout, et à moindre coût. « 


Des protéines sensibles à lumière appelées opsines, qui sont introduites dans les nerfs, vont réagir de manière active à la stimulation colorée : «Une couleur précise va rendre les souris plus sensibles à la douleur. Une autre va réduire la douleur»

Comment ont-ils fait? Dans un article publié dans « Nature Biotechnology », les scientifiques ont décrit qu’ils ont réalisé cet exploit incroyable en modifiant l’ADN chez les souris test en utilisant une technique connue sous le nom de « optogénétique » ( ou opto génétique ). Cette méthode de haute technologie consiste à injecter dans les souris un virus génétiquement modifié contenant des gènes qui rendent les protéines sensibles à la lumière, appelées « opsins ». Lorsque les « opsins » absorbent la lumière, ils changent de forme, ce qui force la cellule nerveuse à se comporter différemment. Auparavant, cette technique a été utilisée pour contrôler le comportement musculaire chez la souris.

En faisant ces expériences, les scientifiques ont constaté que le virus génétiquement modifié permettait d’atteindre les cellules nerveuses qui contrôlent la douleur. Cet heureux accident a conduit l’équipe de Stanford de se concentrer sur cette nouvelle ligne de recherche. Dans les nouvelles expériences, les scientifiques ont d’abord introduit une « opsine » qui a réagi à la lumière bleue, créant des pores dans les cellules nerveuses. Ils ont constaté que cette lumière bleue appliquée sur la patte de la souris énervait l’animal qui cherchait à éviter la lumière en se déplaçant rapidement.

Lorsque le groupe a fait deux chambres communicantes, l’une avec la lumière rouge, et l’autre avec la lumière bleue, ils ont constaté que 80% des souris injectées évitaient les zones bleues.

Les scientifiques ont ensuite injecté les souris avec un autre type d’opsine. Celui qui réagit à la lumière jaune, qui empêche les cellules nerveuses de répondre à la douleur. Ils ont constaté que les souris injectées qui ont été exposés à la lumière jaune ont significativement mieux supporté la douleur.

 

Comme témoin, les chercheurs ont appliqué la lumière bleue sur les souris modifiée par le même virus conçu en laboratoire, mais cette fois avec l’opsine : sans aucune réaction de la souris.

Ce que cela signifie pour l’homme : Cette recherche ouvre la porte à de futures expériences qui peuvent nous aider à mieux comprendre les mécanismes de la douleur.

Alors que d’autres thérapies peuvent être rapidement développés avec cette connaissance, en utilisant la lumière elle-même pour le traitement de la douleur humaine. Tout d’abord, les scientifiques ont besoin d’en savoir plus sur les spécificités de l’endroit où faire briller la lumière pour obtenir une réponse efficace, en quelle quantité, et quelle durée. En outre, le processus implique la livraison de gènes, qui lui-même est encore une technique qui nécessite plus de recherche pour être perfectionnée, et disponible au yeux du grand public.

«Cette approche puissante montre un grand potentiel pour aider les millions de personnes qui souffrent de douleur et/ou de lésions nerveuses», a déclaré Linda Porter, le conseiller politique de la douleur à l’Institut National de la Santé.